Future of Work / Future of Workspace
Conversation avec Clément Alteresco, CEO de Morning Coworking, dans un des espaces duquel l’équipe Murano Conseil a ses bureaux.
Quelle est ta vision de l’évolution des espaces de travail après cette période inédite de travail à distance ?
CA : « Selon moi le modèle du siège où tu mets tout le monde au même endroit est dépassé. Le collaborateur est en train de reprendre le pouvoir sur son espace, son espace-temps et progressivement sur son temps tout court ! Et l’espace pour le travailleur c’est le siège sur lequel il est assis, et le temps qu’il y passe est symbole du salaire qui tombe à la fin du mois. Aujourd’hui la perception c’est que cet espace est moins normé. »
Et ça change quoi dans le rapport à l’entreprise ?
CA : « Avec le télétravail tu peux travailler partout, et cela amène aujourd’hui les salariés dans une autre posture vis-à-vis de leur entreprise.
Et en parallèle, celles-ci se posent la question de savoir « comment je transforme l’espace si j’ai moins de gens au même moment au même endroit ? ». Il y a en effet une réflexion profonde des entreprises, et cela donne des façons de voir très différentes selon la culture, les équipes et les métiers. »
Comment va évoluer selon toi le sacro-saint ou détesté open-space ?
CA : « Il va forcément bouger et on aura plus besoin d’espace commun pour faire plus de réunions, mais on peut imaginer aussi différents types d’open space : certains avec plein de types assis en mode silence, d’autres plus collaboratif et créatif, cela dépend de l’utilité et comment les gens y travaillent.
Il y a une entreprise qui me disait récemment : on s’est posé, on a regardé les besoins de chaque équipe, de chaque métier pour faire évoluer nos espaces de travail. Par exemple les développeurs il peuvent faire 3-4 jours de télétravail et se voir 1 fois par semaine ça suffit. En revanche quelqu’un qui est Sales il se nourrit de la conversation, il a besoin d’interaction, c’est comme les métiers de communication, si tu n’es pas en interaction physique, cela va moins vite, les échanges sont moins fructueux… »
Les activités dites « productives », les collaborateurs peuvent les faire à distance : pour finaliser un rapport ou une présentation, tu es mieux à la maison si tu as un endroit pour bosser tranquillement. Pour les réunions on a constaté pendant le confinement qu’elles étaient quand même meilleures en présentiel. Pareil quand il faut onboarder des gens, faire passer des messages, la dynamique physique est essentielle.
Et le siège, comment est-il impacté par ses changements ?
CA : « Pour moi la grande tendance c’est la diminution du nombre de m2. Avec 1 jour ou 2 de travail à distance autorisé, il faut repenser le concept même de siège, les m2 et les activités que tu vas réaliser au siège.
Les espaces de travail vont donc devoir se repenser et s’adapter à l’aune de ces nouveaux besoins, grosso modo on aura moins besoin de postes de travail productif, plus de postes en flex (plus de raison d’avoir un siège attribué pour chacun), et si tout le monde passe en flex tu baisses les m2. »
Les entreprises se sont rendu compte également qu’elles doivent proposer une offre diversifiée : il faudrait des espaces à chaque coin de rue, des sortes de mini-bureaux intermédiaires plus proches des lieux de vie des collaborateurs, des hubs de travail en bas de chez soi qui réduisent les temps de transport, tout le monde ne peut pas disposer d’un bureau à la maison et n’a pas besoin de passer au siège tous les jours.
Grosso modo moi ce que je vois venir ce sont des sièges plus petits et plus de satellites, aussi pour être plus attractif pour les collaborateurs qui n’auront plus à traverser Paris pour aller bosser tous les jours. »
Quelles sont les réponses actuelles des grandes entreprises à cette lame de fond ?
AC : « L’Oréal a pris des espaces dans notre Morning Clichy-Batignolles pas loin de son siège et Nestlé s’interroge pour installer au sein même de ses nouveaux locaux des espaces de coworking et de co-développement avec les start-ups qui y résideront, cela créé des poches d’open-innovation. Ce sont deux cas très intéressants. »
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